Réunion du 11 avril 2015

Assemblée Générale de l'Association

Le mot du Président

Madame la Principale, Chers Anciens. Depuis votre installation au collège c'est la première fois que vous accueillez les anciens élèves de Ponsard dans leur vieux bahut et nous vous en remercions chaleureusement. Merci aussi à vos collaborateurs, Mr le Principal adjoint et Mr le Gestionnaire qui mettent aujourd'hui à notre disposition différentes salles du collège et notamment les locaux du restaurant scolaire pour notre assemblée générale. Je salue fraternellement tous les anciens ici présents fidèles à ce temps fort de la vie de notre association et aussi tous ceux qui pour des raisons diverses n'ont pu y assister. Nous aurons une pensée pour celles et ceux qui nous ont quittés au cours de l'année. Je salue et remercie les responsables politiques, parfois anciens élèves du collège, qui nous honorent aujourd'hui de leur présence. Je rendrai enfin hommage à tous les membres du comité qui collaborent à la bonne marche de l'association, chacun prenant sa part à la préparation des différentes manifestations. Anciens de Ponsard et retraités nous restons des citoyens à part entière et ne vivons pas retirés du monde. Ainsi, nous avons vécu récemment des événements tragiques concernant la négation de la liberté d'expression par des fanatiques religieux qui ont assassiné des journalistes de Charlie Hebdo. Les Français se sont levés d'un seul bloc pour descendre dans la rue et pour rendre hommage à des personnes mortes pour défendre la liberté. Le peuple français l'a fait, toutes croyances et opinions confondues parce que nous vivons dans une démocratie régie par la charte des droits de l'homme et du citoyen dont un des droits fondamentaux est celui de la liberté dans toutes ses manifestations et notamment dans celle de la pensée et de l'expression. Au cours de notre histoire nous avons traversé de longues périodes où la liberté individuelle était bafouée ainsi que la liberté d'expression. Les plus forts imposaient leur loi. Il a fallu attendre 1789 et la Révolution pour que le principe de cette liberté soit reconnu juridiquement mais respecté bien plus tard quand la démocratie fut établie.

Dans une période plus proche, nous, anciens de Ponsard, avons connu l'occupation allemande où notre liberté individuelle n'existait plus et où sa manifestation dans un propos ou un dessin satirique stigmatisant ou ridiculisant l'occupant pouvait envoyer son auteur en prison voire en camp de concentration ou au poteau d'éxécution. Si la liberté d'expression est un bien précieux garanti par la loi, elle connaît aussi des limites : les propos injurieux, la diffamation et la caricature peuvent entrainer des sanctions pénales. Certes le principe est acquis, mais si le parti pris systématique de la dérision concernant des personnes, des groupes, des écrits, des faits ou des situations triomphe, à la manière de la calomnie et met en cause les valeurs morales qui sous-tendent toute société démocratique comme le bien, le beau, le vrai, le juste qui sont ridiculisés autant que le mal, le laid , le faux ou l'injuste, comment s'y reconnaître et faire le point ? Comment continuer à respecter ces valeurs fondamentales ? Comment en effet les éducateurs, parents et enseignants notamment peuvent ils encore être crédibles et respectés ? Gardons nous donc des excès, chers Anciens, et restons dans la mesure et la modération de l'humour qui engendre la bonne humeur et le rire libérateur sans porter atteinte, parfois gravement et injustement, à la réputation d'autrui et aux valeurs fondamentales de la société. Nous pourrons alors sans arrière-pensée jouir de cette précieuse liberté d'expression, apanage des gens civilisés assez intelligents pour se moquer finalement d'eux-mêmes, des travers et des défauts communs à tous leshumains. Si cette petite leçon de morale républicaine donnée par un ancien pédago qui se croit encore face à ses élèves, dociles et attentifs, pouvait être entendue par des adultes moins innocents, nous pourrions peut-être espérer vivre dans un monde plus paisible, plus harmonieux et,somme toute, plus humain, avec un goût de paradis terrestre. Chers Anciens, c'est la grâce que je vous souhaite ! André Michel